Les habitants de Grand-Ravine et de Ti Bois abandonnés à la merci des gangs armés.
Depuis tantôt quatre jours, des groupes armés s’affrontent sans relâche à l’entrée sud de la capitale haïtienne. En effet, cette guerre armée, entre le gang de Grand-Ravine dirigé par « Ti lapli » et celui de Ti Bois commandé par Chrisla, a bloqué complètement l’accès au grand Sud du pays.
Ils sont nombreux, des écoliers, des universitaires, des employés d’institutions publiques et privées et de simples passants qui ne pouvaient pas regagner leurs demeures à causes de ces activités. Les voitures assurant le trajet dans les quatre départements du grand Sud étaient obligés de rebrousser chemin. Les gangs ont effectué durant ces jours-là une véritable chasse à l’homme dans les quartiers de Grand-Ravine, de Martissant, de Fontamara et de Ti Bois.
Pour échapper à la fureur des bandits, les habitants des quartiers susmentionnés ont fui leurs maisons pour aller dormir dans la rue. Des enfants en bas âge, des femmes enceintes, des personnes à mobilité réduite sont dans la rue sans aucune assistance. Entre survie et mort, ils ont fait un choix raisonnable: laisser ces zones à hauts risques pour se réfugier chez des proches ou sur les places publiques. Au cours de ces affrontements armés, les malfrats ont incendié plusieurs maisonnettes dans ces quartiers. Des passants qui tentaient de franchir les périmètres occupés par les gangs sont sortis victimes. Parmi ces dernières, on a déploré des morts et des blessés graves.
En dépit de la gravité de la situation sécuritaire qui a forcé la population de ces zones à abandonner leurs demeures, jusqu’ici le gouvernement haïtien n’a pas encore levé le petit doigt pour au moins dénoncer ce qui se passe à l’entrée Sud de Port-au-Prince. Non plus, aucune forme d’assistance n’a été apportée aux victimes. Les zones avoisinantes comme Carrefour, Gressier, Léogâne ont servi d’asiles à ces personnes en grandes difficultés. En ce triste moment, toutes les places publiques, les écoles, les églises, les centres sportifs et les terrains de football sont depuis utilisés pour héberger les victimes. Dans l’attente d’un brin d’espoir et de soulagement, nulle vie ne semble importante aux yeux du gouvernement haïtien, encore moins pour les bandits qui prouvent qu’ils n’ont aucun état d’âme.
Tandis qu’ils ne se remettent qu’à Dieu, les habitants de Fontamara, Ti Bois, de Martissant et autres sont, paraît-il, condamnés à payer pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Et du coup, ils doivent accepter de mourir avec une balle dans la tête ou de faim, de tristesse, d’amertume, de désespoir ou de froid.
Marc Wisly HILAIRE